Au fil de nos destinées…

En 40 ans de carrière …

Arrivant « sur le marché » juste après la guerre d’Algérie, nos vies de jeunes officiers subalternes en régiments , lieutenants puis capitaines, ont été confrontées à un contexte nouveau :

  • d’une part, assurer en métropole la Défense Opérationnelle du Territoire et, au sein de l’OTAN, se préparer à affronter les forces du pacte de Varsovie dans le cadre de la dissuasion nucléaire (jusqu’à la chute du mur de Berlin en 1989).
  • et d’autre part, en Afrique et au Moyen-Orient, y stationner en vertu d’accords de défense ou de coopération. Il s’agissait d’y maintenir l’influence française suite à la période des décolonisations et participer, souvent, au règlement de conflits plus ou moins importants…

Expériences opérationnelles indélébiles, les « OPEX » :

En effet, depuis notre sortie d’école en 1965 jusqu’à notre fin de carrière active autour de l’année 2000, la France a connu bien des engagements opérationnels nationaux ou internationaux auxquels nous avons participé, au sein d’unités constituées ou à titre personnel, notamment :

  • Au Tchad de nombreuses fois: opérations Limousin (68-72), Tacaud (78-80), Manta (80-) Épervier (86-), …
  • Au Liban:  au sein de la FINUL  depuis 1978,  puis en 82-83 (attentat du Drakkar),  en 89 …
  • Au Zaïre : opération Bonite (Kolwesi) en 78
  • En Centre-Afrique, en 79
  • Aux Comores en 89
  • Au Gabon en 90
  • En Irak :  opération Daguet en 90
  • En ex Yougoslavie : dans le cadre de l’Europe et de la FORPRONU de 92 à 95
  • … ,

… laissant aux officiers de promotions plus jeunes le soin et l’honneur d’aller combattre, plus tard, notamment en Afghanistan et au Sahel…

Les années passant, l’âge et l’expérience venant, nos destins se sont partagés entre passages en corps de troupe, en états-majors, en écoles militaires comme instructeurs, en assistance technique auprès d’États africains, et en opérations (voir plus haut) pour beaucoup d’entre nous. Nous avons accompagné, à regret pour beaucoup, le passage progressif de la conscription à la professionnalisation de l’armée de terre  (en subissant au passage ses fréquentes réorganisations).

Parallèlement, il nous fallait parfaire nos études, notre formation personnelle militaire et générale, via divers stages, examens ou concours, et qualifications spécialisées se traduisant par l’obtention des « sacrements civils ou militaires », lesquels conditionnaient la suite de nos carrières  (École d’Etat-major, École Supérieure  de guerre ou Brevet technique, Collège interarmées de défense, et enfin Centre des Hautes Études Militaires pour ceux appelés à exercer les plus hautes responsabilités). Le tout sous l’œil implacable de la DPMAT (direction des Personnels de l’Armée de Terre), chargée de notre avancement et de nos affectations.

Devenus officiers supérieurs, nous avons éprouvé d’immenses satisfactions dans l’exercice de notre métier, alternant temps de troupe, temps de commandement et passages en états-majors, y assurant des responsabilités de plus en plus importantes.

Par ailleurs, certains d’entre nous, par opportunité ou ne voyant pas l’intérêt de poursuivre leur carrière militaire, y ont mis un terme prématuré. C’est ainsi qu’en 1993, presque la moitié d’entre nous avait quitté l’uniforme. Grâce à leur formation d’officier et à l’expérience acquise – ouverture d’esprit, sérieux, dévouement, esprit de camaraderie, sens des contacts humains – ils ont su très facilement se faire apprécier en milieu civil et y assumer d’importantes responsabilités.

En 2013, Philippe CELERIER, notre père système, laissait ce message à nos successeurs  25 ou 50 ans plus jeunes lors de la cérémonie de parrainage :
« La S14, si elle a une histoire, ne marquera sans doute pas « l’Histoire »; mais elle a marqué suffisamment ses membres pour, 50 ans après son entrée à « La Spéciale », être encore un lieu d’amitié et de souvenirs, spécialement celui de nos 60 camarades Français et étrangers décédés, dont nous tenons à évoquer la mémoire à chacune de nos réunions de promotion.
Tout le monde n’est pas un héros ; tout le monde n’a la gloire et les honneurs ; mais chaque officier de la S14 a participé à l’œuvre commune de défense de la Patrie, pour laquelle il s’était engagé… il y a 50 ans ! »

Les uns, sous les feux de la rampe…

Chacun de nous aurait certainement une histoire – son histoire – intéressante, faite d’actions ou de situations méritoires et valorisantes, restées discrètes et inconnues. Mais notre promotion tient à évoquer l’essentiel de ceux qui, parmi nous, ont fait l’objet de la publicité que leur niveau de responsabilité ou leurs talents singuliers  a suscitée.

… de la haute hiérarchie militaire…

Notre promotion a pu donner à la France un Général d’armée, un Contrôleur Général des Armées, quatre Généraux de corps d’armée brièvement évoqués ci-dessous), quinze généraux de division et quarante-six généraux de brigade :


Général d’armée Pierre-Jacques Costedoat  (1942 – )

– Arme Artillerie
– Chef de corps du 93ème R.A. de montagne
– Directeur des opérations de la DGSE
– Commandant des Ecoles de Saint-Cyr
– Gouverneur militaire de Paris



Contrôleur Général des Armées Alain Morel
(1944 – )
– Arme: Artillerie de Marine , Gendarmerie, Contrôle des Armées
– Conseiller du ministre des Finances du Tchad puis du ministre des Finances du Bénin (devenu président)
– Chef de la mission française de coopération en Centre-Afrique puis en Guinée
– Contrôleur Général de la Région maritime de Méditerranée (Toulon)



Général de Corps d’Armée Claude Patois (1942 – )

– Arme : Infanterie
– Chef de Corps du 42ème RI Méca
– Commandant la 10ème division blindée
– Gouverneur militaire de Metz



Général de Corps d’Armée Jean-Louis Vincent (1944 – )

– Arme : Génie
– Chef de Corps du 2ème RG
– Commandant l’École d’application du Génie
– Directeur du Service national
– Major Général de l’Armée de Terre


Général de Corps d’Armée Jean-Claude Lafourcade (1943 – )

Arme Troupes de Marine / Infanterie
– Chef de Corps du 8ème RPIMa
– Chef de l’Opération « Turquoise » au Rwanda
– Commandant des Forces Terrestres (Lille)


 Général de Corps d’armée André Soubirou (1944 – )

– Arme : Infanterie / Légion étrangère
– Chef de Corps du 2ème REI
– Commandant des éléments de la FORPRONU – secteur de Sarejevo
– Commandant la 11ème DP
– Commandant du CDES de l’Armée de Terre

 


Général de Corps d’Armée Christian Delanghe (1943 – 2012)

– Arme : Artillerie
– Chef de Corps du 51ème RA (Sol-Air)
– Commandant la 2ème DB
– Commandant la Division multinationale Sud-Est en Bosnie

… deux grands serviteurs de l’Etat :


Bernard Fassier
(1944 – 2018)
– Major de Promotion
– Arme : Infanterie alpine
– INALCO en 1981
– Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire en Bosnie (1993 – 1997)
– Ambassadeur de France en Bielorussie (1997 – 2002)


Bernard Prévost
(1943 – )
– Arme : Infanterie
– Corps préfectoral en 1978
– Préfet de la Nièvre en 1992
– Directeur de l’Administration Pénitentiaire en 1993
– Directeur de la Gendarmerie nationale de 1995 à 1999
– Préfet de la région Poitou-Charente en 2006
– Ambassadeur de France en République démocratique du Congo
– Président de la Fondation des Apprentis d’Auteuil (2009  – 2018)

… des destins singuliers, exceptionnels …

 Lieutenant-Colonel Jean-Claude Marmier (1943 – 2014)
– Arme : Infanterie alpine – 159ème RI à Briançon (le 15/9)
– Alpiniste hors pair de renommée internationale, charismatique, au franc-parler légendaire.
– Affecté à l’EMHM, Diplôme d’état de guide de haute montagne
– Auteur de la première hivernale de la face Nord des Grandes Jorasses, au nez et à la barbe de René Desmaison
– Fondateur du Groupe Militaire de Haute Montagne (GMHM) en 1976
– Leader de grandes courses du GMHM : face Nord de l’Eiger, Groenland, Everest
– Initiateur du piolet d’or qui récompense les meilleurs alpinistes
– Co-organisateur de l’Ultra Trail du Mont Blanc.

 Général de Brigade Claude Carré (1940 – 2019)
– Arme : Infanterie alpine
– Athlète de demi-fond de haut niveau, vainqueur du 19ème cross-country des Grandes Écoles, son temps record a perduré pendant 30 ans !
– Affecté au bataillon de Joinville, il participe aux entrainements de l’équipe de France de pentathlon moderne en vue des J.O. de Mexico de 1968, et se voit confier la sélection et l’ultime préparation de l’équipe qui terminera 3ème.
– Représentant de la France aux XIXèmes championnats du monde militaire en 1969 (Cork – Irlande)

 

 Abbé Michel Simoulin (1943 – )
– Arme : Infanterie
– Capitaine Commandant de Cie au 7ème RI (Neustadt) de 1974 à 1976
– Prend un congé sans solde  en 1976, et entre au Séminaire Saint Pie X à Econe (Suisse)
– Ordonné prêtre le 20/09/1980, nommé vicaire de St Nicolas du Chardonnet
– Puis notamment : Directeur de l’Institut universitaire St Pie X (Paris), Recteur du séminaire d’Econe, Supérieur du district d’Italie, et depuis  2006 aumônier au Cours St Dominique du St nom de Jesus à Fangeaux

 

 … et bien d’autres encore …

Des maires, des chefs d’entreprises, des présidents d’association… Que ceux qui ne sont pas cités ci-dessus, et qui auraient pu l’être, pardonnent à l’auteur de ces lignes ; qu’ils sachent cependant qu’ils sont à jamais dans le cœur de leurs « petits-cos », ce qui est le plus important.

Et, pour finir, une mention spéciale à notre « Grand  Carré », au Bureau de l’association, à nos secrétaires successifs et à notre « ouèbemaître » qui ont su et continuent à maintenir les liens entre nous

 

 

 

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